Colloque « Jean-Pierre Chevènement » 14-15 novembre 2019
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Le colloque organisé les 14 et 15 novembre par l’Université de Haute Alsace et l’Université de technologie de Belfort-Montbéliard avait pour sujet le parcours et l’action de Jean-Pierre Chevènement. Partant du constat que « la recherche historique ne s’était curieusement pas encore intéressée à cette figure », Régis Boulat et Renaud Meltz, les initiateurs, ont voulu passer en revue les différents aspects d’un personnage qui a traversé cinquante ans de vie politique de la France.
Bien que son passage à l’Éducation nationale ait été relativement bref (vingt mois de juillet 1984 à mars 1986), son action, et surtout son discours, ont été suffisamment marquants pour qu’une demi-journée entière y soit consacrée, avec quatre communications aux perspectives différentes mais au final convergentes.
Julien Cahon (UPJV) a ainsi mis en avant les réalisations concrètes et novatrices du ministre, tandis que Yann Forestier (Rennes 2) analysait les caractéristiques d’un discours « républicain de gauche...conservateur ». Hervé Le Fiblec (Irhses) a pour sa part proposé une lecture des lectures par les organisations syndicales de la dense activité du ministre. Enfin, Bénédicte Girault (Cergy-Pontoise), poursuivant son exploration des archives orales recueillies par le défunt SHE, a examiné les mémoires différentes des collaborateurs du ministre, qui témoignent aussi des tensions et contradictions internes à son action.
Au final est apparu un ministre à deux visages : clairement engagé dans le sens d’une démocratisation durable, porté par une volonté modernisatrice affirmée, tout en se revendiquant d’une tradition de l’école « républicaine » qui peut le caractériser comme passéiste ou conservateur.
Si ces ambiguïtés sont particulièrement visibles dans le domaine éducatif, l’ensemble des intervenants, parmi lesquels se trouvaient des spécialistes aguerris, comme Gilles Richard ou Bernard Lachaise, mais aussi de jeunes chercheurs aux travaux prometteurs, comme Judith Bonnin, Odile Maeght-Bournay ou Thomas Maineult, a montré toute la complexité d’une ligne politique idéologiquement très structurée et cohérente, mais dont les diverses facettes sont mises en avant selon les circonstances. Complétée par plusieurs témoignages d’acteurs, comme Christian Proust, Jean-Marie Bockel, Jacques Warin, Claude Martin, Christophe Prochasson, et bien entendu Jean-Pierre Chevènement lui-même, cette analyse montre tout l’intérêt de ces travaux, qui devraient faire l’objet d’une publication dans les prochains mois.
Le programme et la problématique proposée sont d’ici là consultables en ligne (https://www.uha.fr/evenement/colloque-cresat-jean-pierre-chevenement/)