Disparition de Hubert COUDANE (1924-2015)
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Nous avons appris à la lecture du Monde (11/12/15) le décès d’Hubert Coudane survenu le 4 décembre ; ses obsèques ont eu lieu le 9 décembre au cimetière de Moineaux-les-Ullis ; il résidait à Bures-sur-Yvette.
Après la Résistance, il fut éléve de l’ENSET dans la promotion d’E. Camy-Peyret et milita au SNET. Après l’agrégation et un doctorat de chimie il fut professeur des universités et milita au SNESup ; il fut président de l’Université Paris-Sud de 1983 à 1990.
A sa veuve Louise, ancienne élève de l’ENSET également, professeure d’espagnol, militante du SNET puis du SNES, longtemps responsable des retraités au plan national, nous adressons nos sincères condoléances et toute notre sympathie.
Nous avions écrit sa biographie dans le Maitron : http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article20798
COUDANE Hubert
Né le 15 janvier 1924 à Dax (Landes), mort le 4 décembre 2015 ; professeur agrégé de sciences physiques puis professeur d’université ; résistant ; militant syndicaliste du SNET puis du SNESup.
Fils d’un ouvrier linotypiste, syndiqué à la CGT et adhérent à la SFIO, Hubert Coudane - parfois orthographié Coudanne par erreur - entra à l’École normale d’instituteurs de la Gironde en 1940 mais en raison de la suppression des ENI par le régime de Vichy, il poursuivit ses études comme élève-maître au lycée Montaigne de Bordeaux où il obtint le baccalauréat (mathématiques élémentaires) en 1943, puis alla préparer le concours d’entrée à l’École nationale préparatoire à l’enseignement dans les sections techniques des collèges (ex-ENSET) au lycée Fermat à Toulouse. Il rencontra alors Louise Sarmet qui devint son épouse en juillet 1948 à Villeneuve-Saint-Georges (Seine-et-Oise) et avec laquelle il eut trois enfants.
Hubert Coudane entra dans la Résistance à Toulouse, dans une « sixaine » dont le chef était Roland Roubes. Par la suite, il apprit que parmi les chaînons de la hiérarchie de son réseau, se trouvait Raymond Badiou (futur maire de Toulouse) et surtout Jean-Pierre Vernant*, alors professeur de philosophie à Toulouse. Il rejoignit ensuite un groupe de Francs-tireurs et partisans dans la « zone » et était membre du Front national. Ses camarades le surnommaient « Burua » (la tête en basque, car il avait le bac).
Hubert Coudane participa aux combats pour la libération de Bordeaux où son père Jean Coudane était également dans la Résistance (une rue de Bordeaux porte son nom). Il reçut la Croix du combattant et la Médaille du combattant volontaire de la Résistance.
À la Libération, Hubert Coudane fut reçu au concours d’entrée à l’École normale supérieure de l’enseignement technique qu’il rejoignit au début de l’année 1945. Il fut nommé professeur de sciences à la rentrée 1946 à l’école nationale professionnelle (devenue lycée technique en 1962) de Creil (Oise), où il demeura en poste jusqu’en 1963. Reçu à l’agrégation de sciences physiques en 1956, il prépara une thèse de doctorat d’État en chimie qu’il soutint à la Sorbonne en 1963. Professeur à l’École nationale de Chimie et de Physique de Paris de 1963 à 1965, maître-assistant (1966-1968), maître de conférences puis professeur à la Faculté des Sciences d’Orsay (1968-1990), il participa à la création d’un des premiers départements de chimie d’Institut universitaire de technologie à la faculté d’Orsay en 1966, fut doyen de l’Unité d’enseignement et de recherche correspondante de 1980 à 1983 puis président de l’Université Paris-Sud de 1983 à 1988 et premier vice-président de la Conférence des présidents d’universités de 1985 à 1987. Il fut aussi chargé de cours à l’École normale supérieure de Cachan.
Membre de l’Union de la jeunesse républicaine de France à la Libération, Hubert Coudane milita ensuite au Parti communiste français à partir de 1945. Secrétaire de sa cellule, il quitta le parti en 1950.
Dès 1945, il milita au Syndicat national de l’enseignement technique à l’ENSET, où il rencontra Étienne Camy-Peyret, avec lequel il mit en route la section syndicale. Une très profonde et durable amitié fut alors scellée entre eux. Puis la section du PCF lui demanda de s’impliquer totalement dans l’animation de la section syndicale de l’ENP de Creil, qu’il créa dès la rentrée 1946 et dont il fut le secrétaire durant plusieurs années, notamment durant les grèves de la fin de l’année 1947. Il fut aussi un des responsables de l’instance départementale du syndicat. À partir de 1948, il fut aussi membre de la FEN-CGT puis militant du courant « Union pour une action syndicale efficace » dans le SNET.
Dans la section de Creil, Hubert Coudane accueillit en 1954 Camy-Peyret venant de Metz ; s’y trouvait également Georges Innocent qui devint en 1969 secrétaire général du Syndicat national de l’enseignement supérieur. Ils menèrent ensemble de nombreux combats en particulier pour la paix en Algérie, puis contre la loi Debré.
Il siégea à la commission administrative paritaire nationale des agrégés de 1956 à 1965 puis milita au SNESup, dont il créa la section de l’IUT d’Orsay en 1966-1967. En 1968, étudiants et enseignants défilèrent dans le calme. Une des principales revendications étudiantes, la participation aux conseils, fonctionnait déjà à l’IUT depuis sa création.
En 1991, Hubert Coudane fut nommé conseiller spécial, chargé de l’enseignement supérieur auprès de Jacques Guyard, secrétaire d’État à l’enseignement technique.
Titulaire de l’Ordre national du Mérite, chevalier de la Légion d’honneur, officier des Palmes académiques, il était en outre titulaire de l’ordre du Mérite national tunisien, pour avoir mis en route et animé la coopération inter-universitaire, mission qui lui fut confiée par le ministère de l’Éducation nationale en 1988.
Retraité depuis 1990, professeur émérite, il résidait à Bures-sur-Yvette (Essonne). Toujours membre de l’Union des physiciens, il présida à la fin des années 1990 et au début des années 2000 l’Amicale des anciens élèves de l’ENSET et de l’ENS de Cachan.
SOURCES : Arch. IRHSES (fonds E. Camy-Peyret). – Presse syndicale. – Who’s who. – Renseignements fournis par l’intéressé. – Notes de J.-P. Besse, J. Reynaud et J. Veyret.
Alain Dalançon
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